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Anna GUEDON (Université Toulouse - Jean Jaurès)

Anna Guédon est doctorante en Sciences de l’Antiquité et chargée de cours à l’Université de Toulouse-Jean Jaurès. Elle réalise une thèse, sous la direction de Laurent Bricault (PLH) et de Véronique Krings (PLH), sur la réception d’Isis en France au XIXe siècle. Elle s’intéresse notamment à la réception de l’Antiquité dans la presse et les dictionnaires en tant que supports de diffusion des connaissances.

Des images pour expliquer le texte ? Le cas des représentations figurées de l’Antiquité dans le Nouveau dictionnaire universel de Maurice Lachâtre

Entre 1852 et 1856, paraît, sous la direction de Maurice Lachâtre (1814-1900), un libraire, éditeur, républicain, saint-simonien, socialiste, anticlérical, spirite, etc., l’un des tout premiers dictionnaires de langue française illustrés : le Dictionnaire universel. L’ouvrage, conçu comme un « outil d’émancipation » du peuple (Gaudin et Mollier 2008, p. 18), est condamné par les autorités impériales et son auteur forcé de s’exiler afin d’éviter l’emprisonnement. De retour en France, en 1864, Lachâtre travaille à une réédition de son dictionnaire. Le Nouveau dictionnaire universel est finalement publié en deux volumes qui paraissent respectivement en 1865 et 1870. Dans cette œuvre lexicographique, pensée pour être diffusée à un large public, les images ont une fonction à la fois esthétique, économique mais aussi et surtout pédagogique puisqu’elles sont censées expliciter les définitions proposées. Pour Lachâtre, en effet, « un dictionnaire donnant l’explication des choses ou des mots, sans que le texte fût accompagné de la représentation, par le dessin, de ces mêmes choses, était, dans une foule de cas, insuffisant et incomplet » (Lachâtre 1865, p. 1).

Parmi les 945 illustrations recensées dans le Nouveau dictionnaire universel (Pruvost 2006, p. 110), une centaine d’images représentent une Antiquité ouverte – Lachâtre ne s’intéresse pas uniquement à l’Antiquité gréco-romaine mais prend également en compte les espaces celte, égyptien, proche-oriental et indien – et polymorphe au sein de laquelle se côtoient des personnages historiques, des divinités ou encore des monuments et des objets. L’étude de la construction des images permet de mettre en évidence différents dispositifs iconographiques qui oscillent de la reproduction fidèle des monuments de l’Antiquité à des interprétations, parfois très libres, des sources anciennes. En outre, la confrontation des représentations figurées de l’Antiquité avec les descriptions proposées dans les articles du dictionnaire est révélatrice d’une gamme d’interactions entre le texte et l’image pouvant aller de la concordance parfaite à la dissonance la plus surprenante.

Sources

Gaudin, F. et J.-Y. Mollier, Maurice Lachâtre, Cinq centimes par jour. Méthodes commerciales d’un éditeur engagé, Mont-Saint-Aignan, Publications des Universités de Rouen et du Havre, 2008.

Lachâtre, M., Nouveau dictionnaire universel, Paris, Docks de la librairie, volume 1, 1865.

Pruvost, J., « Lachâtre : un auteur-éditeur de dictionnaires révolutionnaires » dans Gaudin, F. dir., Le monde perdu de Maurice Lachâtre (1814-1900), Paris, Honoré Champion, 2006, p. 79-128.

GuedonMaurice Lachâtre, Nouveau dictionnaire universel, Paris, Docks de la librairie, 1865, p. 842 (Gallica)

 

 

 

 

 

 

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