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Frédérique LEMERLE (CESR Tours)

Frédérique Lemerle est directrice de recherche au CNRS (Centre d’études supérieures de la Renaissance, Tours). Auteur de nombreux articles et ouvrages sur la théorie architecturale, le vitruvianisme et la réception des antiquités (XVIe et XVIIe s.), elle dirige au Cesr le programme Architectura (http://architectura.cesr.univ-tours.fr) et la collection « Arts de la Renaissance européenne » chez Garnier.

Les plus belles antiquités au XVIIe siècle : du Parallèle de Fréart de Chambray aux Édifices antiques de Desgodets

La contribution donnera à voir les plus belles antiquités au XVIIe siècle avec le Parallèle de l’architecture antique et de la moderne (1650) de Fréart de Chambray et les Édifices antiques de Rome (1682) de Desgodets, à l’époque où le pouvoir monarchique souhaite encadrer la production artistique et promouvoir une architecture d’État. La translatio studii et imperii amorcée par François Ier qui voulait faire de Fontainebleau une nouvelle Rome fut en effet reprise sous Louis XIII par Richelieu et développée par Colbert sous Louis XIV pour faire de Paris cette fois la capitale intellectuelle et artistique de l’Europe. Le projet s’accompagna comme au siècle précédent d’une tentative d’appropriation des témoignages les plus remarquables de l’antiquité romaine en générale, et des antiquités nationales en particulier, notamment celles illustres de Narbonnaise : c’est ainsi que Sublet de Noyers, le principal ministre de Richelieu confia en 1642 au peintre Louis Bertrand la tâche de dessiner les antiquités du Midi, puis celle du roi l’année suivante. En 1669 Colbert chargea d’une mission identique l’architecte Pierre II Mignard (le neveu du peintre). Mais les deux entreprises n’aboutirent pas. Il n’en fut pas de même pour les antiquité romaines. En 1640 Paul Fréart de Chantelou et Roland Fréart de Chambray furent missionnés par leur cousin Sublet d’un voyage diplomatique en Italie. À Rome, la capitale des arts déjà visitée en 1635, ils furent reçus par les plus grands collectionneurs et antiquaires pour acquérir des œuvres d’art sur la Rome antique et rapporter en France les moulages réalisés sur place d’après des statues antiques et des fragments d’architecture (chapiteaux, colonne et pilastre  du Panthéon). À son retour en France, Chambray s’attela à la rédaction du Parallèle de l’architecture avec la moderne, où il fit l’éloge des plus belles antiquités monumentales de Rome et de ses environs. En 1676, Colbert envoya Antoine Desgodets à Rome pour qu’il y relève avec la plus grande précision les édifices des Anciens, l’étude de l’architecture antique étant l’étape préalable à l’établissement d’une doctrine à valeur universelle.

Lemerle

Pierre Le Pautre, Bordeaux, Piliers de Tutelle (C. Perrault, Les dix livres d’architecture de Vitruve…, Paris, 1684, p. 219, pl. **)

 

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